War on Drugs - Tales of resilience from around the world

LA GUERRE AUX DROGUES ET LA CONSOLIDATION DU RÉGIME DE CONTRÔLE



L'objectif premier du régime international de contrôle de drogues est d'éliminer ls production et la consommation de drogues illégales tout en garantissant leur disponibilité à des fins médicales et scientifiques. La convention unique sur les stupéfiants de 1961 a cimenté l'engagement de la communauté internationale à éliminer l'usage récréatif des drogues. Marquée dès le départ par une approche prohibitionniste agressive, cette vision a été renforcée par la déclaration du président Américain Nixon de la "Guerre aux Drogues" en 1971.

En 2018, on estime que 269 millions de personnes qui ont consommé des drogues dans le monde, la valeur de leru commerce étant estimée à environ $500 milliards. De plus, la guerre aux drogues a eu d'importantes conséquences négatives inattendues sur les objectifs de dévelopmment dans le monde: incarcération massive, marché florissant des drogues illégales, propagation des maladies infectieuses, violence urbaine et violations des droits humains. Ces conséquences négatifs ont donné lieu à un mouvement mondial qui vise à s'attaquer aux problèmes créés par les politiques de contrôle des drogues. Cette exposition présente ainsi quelques-unes de ces nombreuses histoires passionnantes que l'on peut retrouver à travers le monde.

Le chiffre d'affaires du marché des drogues est en augmentation
$320 milliards en 2006
$500 milliards en 2016

Routes de trafic de la Cocaïne et l'Héroïne


Source: ONU, Rapport mondial sur les drogues 2020

SANTÉ

Liz Gal vit à Sydney, en Australie. Elle a commencé à s'injecter de l'héroïne et de la méthamphétamine à l'âge de 16 ans. Liz a eu du mal à trouver des services qui minimisent les risques sanitaires et sociaux causés par la consommation problématique des drogues. Aujourd'hui, elle est une consultante expérimentée et une educatrice des pairs.
Crédit photographique © Nigel Brudson

PEUT-ON RÉDUIRE LES RISQUES ASSOCIÉS À LA CONSOMMATION DE DROGUES?

Environ 269 millions de personnes à travers le monde, dont environ 35 millions développent un usage problématique. La criminalisation et la stigmatisation constituent des obstacles infranchissables à l'accès aux services et aux soins. Les personnes qui s'injectent des drogues courent un risque plus élevé de contracter le VIH, l'hépatite et la tuberculose. Le résultat est une crise sanitaire publique majeure.
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Des bénévoles de la Fondation Audrey Ryikov Foundation distribuent gratuitement du matériel d'injection stérile et des préservatifs à plus de 3500 consommateurs de drogues à Moscou. La fondation est l'une des rares organisations à fournir de tels services en Fédération de Russie. Ce pays compte la plus grande population de consommateurs de drogues injectables au monde, dont la plupart vivent avec le VIH et l'hépatite C.
Crédit photographique © Mark Adveev

SURDOSES

Thomas Synan, chef de la police de Newtown dans l'Ohio aux États-Unis a radicalement changé sa position quant aux drogues en 2014 après avoir été témoin de la mort d'une famille entière à cause de la drogue. Il est maintenant membre actif du Collectif Police contre la Prohibition (Law Enforcement Action Partnership), qui rassemble des officiers de police, des juges et des procureurs qui plaident pour la fin de la prohibition.
Crédit photographique © Liz Dufour / USA Today

POURQUOI LE NOMBRE DES SURDOSES A-T-IL EXPLOSÉ?

Le nombre des morts par surdose d'opioïdes ou de stimulants a grimpé en flèche au cours de la dernière décennie. Seulement l'année dernière, pluse de 81000 personnes sont décédées de surdose aux États-Unis. L'utilisation de substances synthétiques puissantes et faciles à produire a explosé, les trafiquants de drogues s'adaptant rapidement au système de contrôle actuel.
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Une femme utilize les services du centre de consommation supervisée Quai 9 ici à Genève. Géré par ‘Première Ligne’, ce lieu d'accueil offre des antagonistes d'opioïdes vitaux et des services sanitaires et sociaux. Lorsque les taux d'infection par le VIH ont explosé parmi les consommateurs de drogues injectables dands les années 80, les autorités ont réagi en adoptant une politique des "quatre piliers": prévention, traitement, réduction des risques et répression. Aujourd'hui 17 centres opèrent dans différent cantons.
Crédit photographique © Max Jacot / Première Ligne

DOULEUR

Rehema Kingazi de Tanzanie vit avec le cancer et le VIH. À cause des restrictions drastique sur l'importation et l'utilisation d'opioïdes en Tanzanie, Rehema a dû faire face à de graves douleurs pendant de nombreuses années avant que des organisations de la société civile et des professionnels de santé ne lancent des essais pilotes pour élargir l'accès aux médicaments essentiels sous contrôle.
Crédit photographique © APCA

QUEL EST LE LIEN ENTRE LE TRAITMENT DE LA DOULEUR ET LA PROHIBITION?

Douze substances classées comme drogues illégales sont également classées comme médicaments essentiels contre la douler, pour les soins palliatifs et le traitment de la santé mentale. Le système international de contrôle des drogues avait pour objectif initial de restreindre leur usage tout en rendant les médicaments essentiels disponibles. Mais l'accent mis sur la prohibition a entravé l'accès à ces médicaments. Aujourd'hui environ 5,5 milliards de personnes dans le monde ont peu ou pas accès aux analgésiques opioïdes tels que la morphine.
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Dr. Rajagopal s'entretient avec un patient de l'hôpital Arumana, dans l'État indien du Kerala. Le Dr Rajagopal est connu comme le père des soins palliatifs en Inde. Fondateur de Pallium India, son organisation a permis des progrès significatifs dans l'accès à la morphine dans le pays.
Crédit photographique © Tom Price

LES VICTIMES DE LA GUERRE AUX DROGUES



La guerre aux drogues a eu d'importantes conséquences négatives inattendues : elle a affecté la santé publique et alimenté la surincarcération et les violations des droits humains tout en propageant la violence. La pénalisation de la consommation de drogue et l'application de peines sévères pour les infractions liées à ces substances ont détruit la vie de centaines de milliers de personnes, notamment des plus vulnérables.

En 2008, les Nations Unies ont reconnu les principales conséquences négatives inattendues des politiques de contrôle des drogues. L'heure est maintenant à la réforme.

92% de la Morphine est consommée par
17% de la population mondiance
concentrée dans les pays à haut revenu


Accès global aux médicaments placés sous contrôle pour le traitment de la douleur et le soin palliatif
(% estimé des besoins pourvus)


Source: The Lancet, 2018

PRISONS

Nicolas Manbode de la République de Maurice a été incarcéré pour possession de moins d'un gramme d'héroïne en 2010. En prison, il a continué de s'injecter de l'héroïne, partageant parfois une seringue avec 100 autres personnes, et a été infecté par le VIH. Aujourd'hui, Nicolas est membre actif d'AfricanPUB, le réseau africain des consommateurs de drogues.
Crédit photographique © Morgan Fache / ITEM

POURQUOI LES PRISONS SONT-ELLES REMPLIES DE CONSOMMATEURS DE DROGUES?

Depuis les années 1960, presque tous les systèmes judiciaires du monde ont recouru à l'incarcération comme moyen principal de lutte contre la drogue. L'arrestation des consommateurs ou des prolétaires de marché illégal est devenue l'outil principal de la répression. Pourtant aucune donnée ne corrobore que l'incarcération pour usage ou possession freine l'expansion du marché illégal. Au mépris des populations stigmatisées, la répression sert d'autres intérêts politiques et économiques.
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Une famille lors d'une consultation avec un médecin dans un centre pour personnes dépendantes de drogues à Porto, au Portugal. En 2001, le Portugal est devenu un des premiers pays à dépénaliser la consommation et la possession de toutes les drogues. Les personnes en possession de substances pour usage personnel peuvent être convoquées devant un panel de psychologues, de travailleurs sociaux et de juristes au cas par cas.
Crédit photographique © Markel Redondo

FEMMES

Rosemarie Santiago pose avec son fils Jericho chez eux à Manille, aux Philippines. Rosenarie a été incarcérée pour délit de drogues alors qu'elle était enceinte et a donné naissance à Jericho en prison. Séparée de force de lui un jour après la naissance, elle ne l'a pas revu pendant les 9 mois suivants.
Crédit photographique © Hannah Reyes Morales

QUEL IMPACT SUR LES FEMMES?

Les femmes paient le prix fort en cas de consommation de drogues ou de participation à ce marché. Souvent victimes de violence et d'abus, elles sont fréquemment séparées de leurs enfants. Les services de santé publique ou les prisons sont rarement adaptés à leurs besoins. En 2017, plus d'un tiers des femmes et filles placées en détention à travers le monde ont été incarcérées pour les infractions non violentes liées aux drogues.
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Susan Burton a commencé à boire et à consommer du crack après la mort tragique de son fils alors âgé de 5 ans. En raison de sa dépendance aux drogues, elle est entrée et sortie de prison au moins 6 fois sur une période de 20 ans. Aujourd'hui, elle est une militante renommée, fondatrice de l'organisation A New Way of Life à Los Angeles aux États-Unis.
Crédit photographique © Dario Griffin

TRIBUNAUX

Une religieuse catholique assiste à la veillée pour Rodrigo Guiarte à Jakarta, en Indonésie, après son exécution en avril 2015. Avec 8 autres étrangers, Rodrigo Gularte a été condamné de mort pour avoir introduit 6 kilos de cocaïne en Indonésie, dissimulés à l'intérieur de planches de surf.
Crédit photographique © Nyimas Laula / Reuters

POURQUOI TANT DE DISPROPORTIONNALITÉ?

Au moins 35 pays appliquent la peine de mort pour des crimes liés aux drogues. Pire encore, de nombreuses juridictions imposent la peine de mort obligatoire, privant les juges de leur droit fondamental de discrétion et de proportionnalité. Aujourd'hui plus de 7000 personnes sont dans les couloirs de la mort pour des crimes liés aux drogues, alors que des peines d'incarcération extrêmement longues sont appliquées pour des délits mineurs. Ces peines disproportionnées ont explosé après l'adoption de la convention des Nations Unies contre le trafic de drogues de 1988.
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Depuis son entrée en fonction en juin 2016, le président des Philippines mène une guerre brutale contre la drogue. Abolie en 2006, la peine de mort est en cours de rétablissement, uniquement pour les crimes "haineux" de trafic de drogue.
Crédit photographique © aT.RMA / Shutterstock

MARCHÉ DE DROGUES : LUCRATIF POUR LES CRIMINELS, COÛTEUX POUR LES SOCIÉTÉS



Ces 20 dernières années, le volume et les types de substances illégales ainsi que l'influence des organisations criminelles considérablement augmenté. Cette explosion du marchéa donné du pouvoir aux groupes criminels et a permis de créer des liens plus élaborés entre eux, ce qui consiste une menace pour les démocraties et la sécurité mondiale. De l'autre côté de la balance, les agriculteurs ont peu d'alternatives et les acteurs au bas de l'échelle du marché illégal sont punis de manière disproportionnée.

~20.000 exécutions sommaires présumées aux Philippines depuis 2016


La peine de mort pour les crimes liés aux drogues, 2020


Source: Harm Reduction International

PAYSANS

U Bo, un agriculteur de subsistance dans l'est du Myanmar, pose au milieu de ses champs de pavot. Les 6 kilos d'opium qu'il produit chaque année lui rapportent environ $1800 dollars, à peine assez pour s'occuper de sa famille de 7 personnes. "Nous aimerions avoir l'électricité, des routes, de l'eau pour que je n'aie pas besoin de cultiver du pavot."
Crédit photographique © Paul Vrieze

COMMENT LA PROHIBITION AFFECTE LES PAYSANS?

Sans infrastructure ni opportunités d'emploi, des millions de paysans n'ont d'autre choix que de cultiver des plantes illégales pour survivre. Bien que le discours mondial passe depuis peu à la promotion du développement durable, les campagnes d'éradication des cultures avec des produits chimiques se poursuivent. Sans égard pour les moyens de subsistance des cultivateurs ni pour l'environnement, ces campagnes alimentent la violence et les violations des droits humains.
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Imitant ses parents, une fille remplit des sacs de feuilles de coca à La Paz, en Bolivie. Les feuilles de coca produites par l'Association des producteurs de feuilles de coca AOEPCOCA sont vendues dans les marchés de la ville aux consommateurs qui les mâchent ou les intègrent dans différents produitts tels que le vin, les biscuits, le pain et les médicaments traditionnels.
Crédit photographique © Carlos Villalon

SÉCURITÉ

En septembre 2017, près de 1000 soldats ont envahi Rocinha, la plus grande favela de Rio de Janeiro au Brésil, après d'intenses fusillades entre les groupes criminels et la police pour le contrôle du quartier, les habitantes et habitants étant pris en étau. L'opération militaire a contraint les écoles, les commerces et les centres de santé à fermer.
Crédit photographique © Marcelo Sayao / Alarmy

COMMENT LA PROHIBITION ANIMENTE LA VIOLENCE?

Devant l'échec de la prohibition, des pouvoirs publics ont surenchéri dans l'escalade des mesures répressives de contrôle des drogues jusqu'à la militarisation de l'ordre public. Nombre de gouvernements, en particulier en Amérique centrale et du sud, déploient des soldats qui ne sont pas formés aux opérations de sécurité des populations, entraînant une hausse générale de la violence.
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Des activistes mexicains manifestent devant le Sénat mexicain contre une loi qui propose de militariser la sécurité publique en décembre 2017. Les pancartes disent "Non à la miliatrisation du pays". En novembre 2018 la Cour suprême mexicaine a jugé la loi inconstitutionnelle dans son intégralité.
Crédit photographique © Carlos Jasso / Reuters

ARGENT

Anabel Hernandez est une journaliste mexicaine réputée, qui a découvert une série de liens entre des politiciens et le cartel de Sinaloa, l'un des réseaux criminels les plus puissants au monde. Le cartel mène des opérations de trafic de drogues et de blanchiment d'argent dans plus de 70% du territoire mondial, répandant la corruption et la violence. Son chiffre d'affaires annuel est estimé à $3 milliards de dollars.
Crédit photographique © Adam Wiseman

OÙ VA L'ARGENT DU TRAFIC DE DROGUES ?

Les marchés de drogues illégales constituent une source de revenu inégalée pour les groupes criminels organisés. L'ONU estime que plus de la moitié des bénéfices bruts générés par le trafic de drogues sont blanchis par le biais des systèmes financiers mondiaux. Selon Europol, plus de 99% des revenus blanchis en Europe ne sont jamais récupérés par les autorités.
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Lanny Breuer, procureur adjoint au ministère américain de la Justice dénonce l'implication de HSBC dans le blanciment de $881 millions provenant du trafic de drogues lors d'une conférence de presse en décembre 2012. En 2020 les "FinCEN files" ont montré que près de 90 institutions financières ont facilité le blanchiment d'argent avec plus de $2000 milliards de transactions suspectes.
Crédit photographique © Joshua Lott / Reuters

PRENDRE LE CONTRÔLE : CINQ VOIES DE POLITIQUES EFFICACES



Concernés par l'échec du système de contrôle des drogues et les conséquences néfastes de l'approche prohibitionniste, des leaders mondiaux ont créés la Commission Globale de Politique en matière de Drogues il y'a dix ans.

Portés par leur sens de responsabilité, ils ont brisé le tabou sur les drogues, contestant d'anciennes convictions et amenant la science au sein du débat international.

En 2021, la Commission Globale célèbre son dixième anniversaire avec un espoir renouvelé. Le paysage des politiques de drogues a considérablement changé au cours des dix dernières années. Les états reconnaissent les méfaits de la prohibition et beaucoup ont commencé à experimenter de nouveaux modèles fondés sur des faits et respectueux des droits humains.

Il est temps de reconnaître qu'il n'y aura pas un monde sans drogues. Les états doivent se concentrer sur la minimisation des dommages et prendre soin de ceux dans le besoin, au lieu de les punir. En même temps, les états doivent prendre le contrôle de ce marché.

Plus de 26 pays ont adopté un modèle de dépénalisation pour faciliter l'accès aux services de santé et réduire la surincarcération.

Carte de la régulation du cannabis, 2020



Source: David Bewley-Taylor, Martin Jelsma and Sylvia Kay. "Cannabis Regulation and Development: Fair(er) Trade Options for Emerging Legal Markets". International Development Policy. Revue international de politique de développment [Online], 2020.

LA COMMISSION GLOBALE DE POLITIQUE EN MATIÈRE DE DROGUES



IN MEMORIAM






Remerciements

La Commission globale de politique en matière de drogues tient à remercier chaleureusement les personnes et les organisations qui ont rendu, par leurs contributions, cette exposition possible. La Commission globale remercie également les personnes qui travaillent sans relâche pour réparer les préjudices causés par des années de politiques punitives et répressives. Ce sont notamment les nombreuses organisations de la société civile qui œuvrent dans les domaines de la politique en matière de drogues, de la santé, les travailleurs sociaux et les défenseurs des droits humains, mais aussi des individus courageux qui, avec leurs familles et leus proches, ont vu leur vie affectée par une sur-répression et une stigmatisation inutiles, mais qui continuent à se battre pour un changement de paradigme.

Crédits

Ce site est la version en ligne de l'exposition de la Commission mondiale intitulée Guerre aux drogues : récits de résilience à travers le monde, qui a été organisée à Genève en 2021.

Coordination: Isabela Barbosa, Ramon Moraes Sales Moura
Conception graphique: John Abou Elias, Delphine Judith
Consultant: Juan Gelas, pour 2gether Communication